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LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine dans les salles, des portraits. Outre L’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine, trois biopics sont à l’affiche : The Apprentice, d’Ali Abbasi, sur Donald Trump ; Niki, de Céline Sallette, sur la plasticienne franco-américaine Niki de Saint Phalle (1930-2002), ou encore Lee Miller, d’Ellen Kuras, consacré à la photographe américaine (1907-1977).
A ne pas manquer
C’est à Paris que cela se passe, et le héros de ce drame haletant se nomme Souleymane. Originaire de Guinée, vingt et quelques printemps, livreur à vélo, clandestin en attente de régularisation : le personnage doit beaucoup à l’histoire de son (excellent) interprète, Abou Sangare, lequel a reçu le prix d’interprétation (Un certain regard) à Cannes.
Toute l’habileté du scénario consiste à nous montrer à quel point la vie de ce personnage repose sur un très fragile équilibre. Emprunter, en s’endettant sévèrement, l’identité d’un aigrefin pour pouvoir être livreur. Pédaler jour et nuit selon un timing d’enfer. Courir pour ne pas rater le bus qui le conduit au centre d’hébergement d’urgence. Répéter mentalement pendant tout ce temps le récit supposément crédible qu’un autre aigrefin enseigne à ses compatriotes en vue de leur entretien pour la demande d’asile. La durée du film se cale sur les deux jours, de pur suspense, qui séparent Souleymane de cet entretien, dont la mise en scène ne nous prépare pas vraiment au poignant épilogue. J. Ma.
Film français de Boris Lojkine. Avec Abou Sangare, Nina Meurisse, Alpha Oumar Sow (1 h 33).
The Apprentice n’est pas un biopic traditionnel, qui joue le mimétisme intégral et l’exhaustivité existentielle. Le film commence dans les années 1970. Donald Trump (Sebastian Stan) est un jeune homme discret, presque falot, qui continue de relever les loyers de porte en porte dans les immeubles sinistres que possède un père qui a fait fortune dans l’immobilier. Sa rencontre fortuite avec Roy Cohn (Jeremy Strong) va l’y aider. Cet homme à la sinistre réputation – conseiller juridique du sénateur Joseph McCarthy (1908-1957) dans les années 1950, âme damnée des néoconservateurs, proche de la Mafia, juif et homosexuel honteux, avocat véreux… – se prend d’amitié pour Donald.
Le film, dès lors, se développe tout à la fois comme récit d’apprentissage, tragédie et conte moral. Cohn y fait figure, pour le jeune Donald, de père de substitution. Une figure pervertie de l’exemplarité, qui enseigne le mépris de la loi, l’absence de scrupules, l’avidité, la religion du rapport de force et de la victoire. On pourra considérer que cette fable édifiante ne rend sans doute pas justice à la complexité de ce personnage hors norme. C’est un peu la loi du genre. La réussite du film tient toutefois à autre chose : l’intelligence de cet empire du faux, de cette monstruosité baroque dont Trump est devenu le tonitruant symbole. J. Ma.
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